"Madame de X. n\était pas d'une grande beauté, mais elle avait très bon goût et choisie pour son portrait un peintre de génie, il se surpassa, elle devint plus que belle. Ainsi naissent les chefs d'oeuvres ! "

Voilà ce qu' aurait pu écrire un critique au salon de 1796, devant ce portrait signé d'Augustin, chef-d'oeuvre solaire et mystérieux de l'artiste.

Etait-ce, en effet, pour transcender son modèle ? Augustin ose en cette oeuvre, il ose et pousse plus loin qu'ailleurs:

Il ose, la lumière tout d'abord, une Lumière irradiant du modèle et qui donne à ce portrait un éclat solaire très troublant. Il semble qu'un vent souffle sur ce visage, dans ces cheveux, dégrafant la tunique, chassant bien loin les nuages sombres.

Il ose la couleur. Si les roses qui la couronne font écho à ses lèvres et à son teint, la blancheur de son sein, elle, éblouis, encadrée par un des ors orangés et la violence  de sa tunique violette, contrastant sur le gris sombre des nuages. Le tout apaisé par le bleu vibrant du ciel.

La composition enfin, et ses mystères. Une diagonale coupe l'oeuvre en deux, entre un ciel inquiétant chargé de nuages sombres et un azur serein et lumineux : qui l' emportera sur l'autre? l'orage  s'éloigne à mon sens, comme la laisse entendre l'expression sereine de la jeune femme, et puis 1796 ... le pire est passé et les affres de la révolution s'éloignent dans le lointain.

Pourtant, au premier plan de la composition, la jeune femme porte à son bras, bien en évidence, un bracelet de cheveux blonds tressés au chiffre de la défunte reine Marie-Antoinette. Porter un MA entremêlé, en 1796, n'est pas anodin.

L'orage s'est éloigné, mais son souvenir demeure.

Cette miniature signée et datée à gauche : Augustin 1796, est incluse dans le catalogue raisonné de l'artiste par Mr Bernd Pappe .